La meilleure façon de guider

by Thich Nhat HanhNovember 7, 2024

Celui qui guide les sessions de méditation assise devrait avoir beaucoup d’expérience de pratique méditative et avoir lui-même réalisé une transformation intérieure. Il doit avoir une pratique solide de la cloche et le son qu’il produit doit être à la fois détendu et ferme, reflétant sa paix et sa solidité. Sa voix devrait être à la fois calme, chaleureuse, pleine de force intérieure. Il devrait être capable de comprendre les besoins et l’état de santé de ses amis pratiquants, éléments qu’il prendra en considération pour décider du thème de la méditation guidée, ainsi que du temps dévolu à la session. En quelques mots, si ses amis de pratique éprouvent une grande joie, un sentiment de bien-être et de grands bénéfices après la méditation, alors il pourra dire qu’il a accompli sa tâche avec succès.

Avant de pratiquer une méditation, il faut en comprendre le principe et le but. La personne qui guide peut ainsi l’expliquer en début de session de manière très concise, si nécessaire. Ou mieux, elle peut le faire lors d’une réunion d’orientation pour ne pas troubler l’énergie très puissante du noble silence avant la méditation, surtout quand il s’agit d’un groupe important. Chaque session peut ainsi commencer par un chant ou par trois sons de cloche. Le guide réveille la cloche en posant l’inviteur fermement sur le bord pour produire un demi-son et attirer ainsi l’attention de la communauté sans la surprendre. Il respire profondément avant d’énoncer, d’une voix claire, une phrase pour l’inspire, une autre pour l’expire.

Par exemple:

J’inspire, je me vois comme une fleur.

J’expire, je me sens frais.

 

Ensuite, il prononce les mots-clés, version condensée des phrases : Fleur – Frais


Ceux-ci résument l’idée principale de chacune des deux phrases et aident les pratiquants à se concentrer sur elles. Après les deux mots-clés, il invite un son complet de la cloche pour signaler le début de la concentration. Un moment de silence (de 10 à 20 respirations ou plus) est laissé aux pratiquants pour qu’ils aient suffisamment de temps pour pratiquer en profondeur, avec solidité, chaque étape de la méditation.

Pour la suite, avant de prononcer chaque nouvelle phrase, le guide invite à nouveau un demi-son de cloche et après les mots-clés, un son de cloche. Il est important de commencer toutes les méditations par la respiration consciente comme seul objet de la pleine conscience et de la concentration, pour produire une sensation de bien-être, calmer et détendre notre corps et notre esprit :

 

J’inspire, je sais que j’inspire.

J’expire, je sais que j’expire.

Ensuite, le souffle peut être accompagné d’une image, visualisée et gardée vivante pendant tout l’inspire et pendant tout l’expire. L’image est étroitement associée au souffle.

Par exemple :

J’inspire, je me vois comme une montagne.

J’expire, je me sens solide.

 

Méditer sur une image est bien plus facile à mettre en œuvre que sur un concept abstrait. Une méditation guidée comprend plusieurs sections, qui peuvent être utilisées lors de différentes sessions de méditation. La voix du guide doit être expressive et doit refléter l’esprit et l’image que les pratiquants devraient maintenir pendant la méditation.

Après une session, la personne qui guide la méditation devrait être à même d’entendre les réactions des pratiquants pour que, dans les sessions suivantes, elle puisse mieux adapter la méditation à leurs besoins. Cela demande un peu d’entraînement et nous tous devrions nous exercer à guider pour pouvoir aider les autres à l’avenir. Respirer et regarder profondément La respiration consciente est une pratique fondamentale dans la tradition zen. Très peu de personnes réussissent vraiment dans l’art de la méditation sans passer par cette pratique. Pratiquer la respiration consciente, c’est ouvrir la porte de l’arrêt et du regard profond pour entrer dans le monde de la concentration et de la vision profonde.

Le maître zen Tang Hôi, le premier patriarche de l’école zen au Vietnam (IIIe siècle), a dit que « Anapananusmriti (en sanskrit, signifie l’inspiration et l’expiration en pleine conscience) est le grand véhicule que les Bouddhas utilisent pour aider les êtres vivants » (extrait de la préface du soutra de l’Anapananusmriti). La respiration consciente est la voie ouverte aux quatre méditations et à tout type de samadhi, concentration. Elle nous mène aussi aux visions profondes fondamentales comme celles de l’impermanence, de la vacuité, de la coproduction interdépendante, du non-soi et de la non-dualité de tout ce qui est. Elle est donc la voie la plus sûre. Ainsi, toutes les méditations présentées ici utilisent la respiration consciente comme base. Celle-ci soutient l’image qui perce le voile des illusions et ouvre toutes grandes les portes obstruées par nos perceptions erronées.

 

Hanh, Thich Nhat. Un lotus s'épanouit - Manuel pratique de méditations assises guidées pour la joie, la guérison et la transformation. Le courrier du Livre